En mai 2014, je suis invitée en Belgique avec La Bibliothèque Apothicaire pour une résidence au quartier socioculturel de l’hôpital psychiatrique St-Jean-de-Dieu. Pendant dix jours, j’y rencontre les personnes qui y sont présentes pour leur offrir des moments intimes de lecture vivante. Les contes, poèmes et extraits de romans choisis deviennent le point d’ancrage d’une réflexion et d’une entrée dans l’univers symbolique de chacun.

Ma première prise de conscience lors de cette résidence fut de constater à quel point la liberté de plonger dans son imaginaire est précieuse et combien il faut en prendre soin.

« Est-ce que j’ai le droit de laisser mon imaginaire voyager à partir de ce texte? », me demandait une femme réagissant fortement à un poème de St-Denys Garneau laissé ce jour-là sur les tables du café, lieu de rassemblement pour briser la solitude des après-midis. Elle me demandait cela comme si elle allait commettre quelque chose de mal. Devant le poème elle me dit: « Chacun ailleurs, ça s’est moi. Vous les poètes, c’est les patients ».

Le conte L’Homme noir, écrit suite à cette résidence, est un voyage dans l’imaginaire de Serge qui, installé un beau jour près du bassin d’eau dans le jardin de l’hôpital, s’est permis d’explorer le vivant en lui.

C’est un feu intelligent qu’il rencontra. Un feu telle une colère. La colère, nous dit le sage, est toujours intelligente. C’est un mouvement de vie pour nous aider à nous affirmer. Soit on l’utilise pour détruire, soit on l’utilise pour se protéger.

Conte en cours de publication aux Éditions Fides
Illustrations d’Annie Lalande

Parce qu’on a abusé de sa confiance, un homme s’est retiré seul, en forêt. Jusqu’au jour où se présente l’Homme noir et, avec lui, un feu intelligent qui obligera l’ermite à se remettre en mouvement pour retrouver le chemin vers l’humain.